Larmor-Baden. Deux chercheurs nantais décryptent l’île de Gavrinis

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Philippe GAMBERT

C’est un monument gravé. Mieux, une oeuvre artistique dont l’expression graphique, la composition ont déjà inspiré de nombreux artistes, comme William Turner, Henri Moore, Richard Long, Janos Ber. Ces sculptures ont été réalisées par un Michel Ange du Néolithique. La tombe à couloir de Gavrinis a été édifiée environ 5 000 ans avant Jésus-Christ.

Joyau de l’architecture

Dans le golfe du Morbihan, le joyau de l’architecture mégalithique, situé sur l’île de Gavrinis, est visité par 30 000 personnes par an (et pas plus, afin de ne pas trop abîmer le lieu). Bientôt, il pourra être vu sous un jour nouveau grâce aux outils les plus modernes.

Deux chercheurs nantais

Serge Cassen, l’archéologue, et Laurent Lescop, l’architecte, deux chercheurs nantais, proposent, pour compléter la visite sur le terrain, une visite virtuelle interactive. Une première projection sur écran circulaire a eu lieu hier, en tout petit comité, à l’école d’architecture de Nantes. Les détails des sculptures sont apparus. Sculptures de flèches, de haches ou de carcois sont identifiables.

Lien entre Locmariaquer et Gavrinis

Ce projet démarre par une déception. Celle de Serge Cassen, archéologue, chercheur au CNRS dépité par la restauration du dolmen de la Table des marchands, à Locmariaquer : « Ce chantier avait été mal coordonné avec les archéologues. »

Alors, il s’est dit que pour le cairn de Gavrinis, il fallait à tout prix qu’archéologues et architectes travaillent main dans la main. D’autant que le cairn de Gavrinis et la Table des marchands ont une origine commune.

Un grand menhir sculpté

Au départ, il y a un grand menhir sculpté qui est tombé et s’est brisé, vraisemblablement au cinquième millénaire avant Jésus-Christ. Un morceau a servi à couvrir la Table des marchands.

L’autre fragment a pris la direction de Gavrinis pour faire la couverture du cairn. Au néolithique, Gavrinis était accessible à pied, même si la rivière d’Auray bordait déjà l’endroit.

105 millions de points relevés

Le travail entrepris par Serge Cassen et Laurent Lescop vise à décrypter les signaux gravés au sein de la tombe monumentale de Gavrinis, particulièrement sur les dalles dressées, appelées des orthostates, qui forment le couloir. Et cela y compris dans la partie interdite au public ; une vraie réserve archéologique qu’il faut sauvegarder, selon Serge Cassen.

« On a commencé par acquérir des données, centimètre par centimètre et même à l’échelle millimétrique grâce au soutien de différents ingénieurs. Un vrai travail d’équipe », explique Laurent Lescop. À l’aide d’un scanner et d’un appareil laser, 105 millions de points ont été relevés.

Chromonographie et photographie numérique

Avec d’autres techniques, notamment la chromonographie ou la photographie numérique, ce « nuage de points » permet d’avoir une vision précise du contour des gravures. « On peut recomposer le geste du sculpteur. Son cheminement précis. Et même deviner s’il était gaucher ou droitier. » Mais il reste encore beaucoup à faire pour déchiffrer le mythe qui a peut-être inspiré l’artiste, ou les artistes, du Néolithique.

Poursuite du travail l’été prochain

L’été prochain, les scientifiques vont poursuivre leur travail. Sur le site notamment. Par le biais de démonstrations : « On va chercher à retrouver les gestes des graveurs du Néolithique sur des fragments de granit. » A voir lors des visites touristiques organisées au départ de Larmor-Baden.

Ouverture de Gavrinis du 29 mars au 6 novembre, départ de Larmor-Baden. Les travaux des chercheurs Serge Cassen et Laurent Lescop sont visibles sur un blog : gersa.nantes.archi.fr.

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