Le télégramme-08/2014

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telegramme2014Gavrinis

 

6 août 2014 à 10h26/ Catherine Lozac’h /

1. Grâce aux techniques modernes, les gravures de Gavrinis commencent à parler. 2. Serge Cassen livrera l’ensemble de ses recherches en 2017. 3. Chaque pierre, chaque dessin est analysé par lasérométrie, photogramétrie….
© Le Télégramme

Tourisme et science peuvent s’intéresser aux mêmes lieux. Ceux qui visitent Gavrinis, site unique en Europe, connaîtront ainsi les dernières découvertes de l’équipe de Serge Cassen, archéologue et chercheur au CNRS de Nantes.

Gavrinis a déjà été fouillé. Pourquoi l’étudier à nouveau ?

Serge Cassen : Certains sites sont tellement connus qu’on oublie de les étudier. Il faudrait revenir tous les 50 ans sur un site pour le faire bénéficier des nouvelles technologies. Les choses bougent beaucoup sur les sites mégalithiques en Europe et Gavrinis est un site exceptionnel. Il ne doit pas prendre de retard.

Vous avez passé le cairn au laser 3 D. Où en êtes-vous de votre programme de recherche ?

Au départ, nous avancions à l’aveugle. Par différentes techniques, le laser 3D, la photographie par éclairage tournant, nous avons traduit l’ensemble du site – sol, parois, plafond -, en nuages de points. Aujourd’hui, nous revenons sur certains endroits, parfois de 40 cm², qui nous questionnent. Ensuite, il faudra analyser toutes ces données, mais je pense tenir les délais et proposer un colloque en 2017.

Quelles sont les questions auxquelles vous tentez de répondre ?

Aujourd’hui dans une église, il y a un chemin de croix qui respecte un ordre. Dans le cairn, nous répertorions chaque dalle, chaque dessin, pour savoir s’il y a là aussi un ordre, une chronologie, une hiérarchie et chercher des correspondances avec d’autres monuments de la région. Avez-vous des résultats ? Oui. Nous avons pu faire deux datations carbone. Ce qui était inespéré dans un site aussi fréquenté… À l’intérieur, du charbon de bois dans du sol fossilisé permet d’affirmer que le cairn était fréquenté en 3.400 avant Jésus-Christ. Une autre trace sur une dalle du seuil, retaillée, place la fondation entre 3.900 et 4.100, les mêmes dates que la Table des Marchands de Locmariaquer. Sur la date de couverture qui vient de Locmariaquer, on a découvert un nouveau dessin : un bonhomme de 25 cm, coincé entre les cornes d’un bovin et d’un caprin. Une représentation humaine rare.

En dehors de la dalle de plafond, en sait-on plus sur le réemploi des pierres ?

La grande dalle ne montre aucune intervention humaine pour la briser. Un tremblement de terre est une possibilité : Vannes a bien été détruite au XIIIe siècle. Par contre, certaines dalles du couloir ont été retaillées pour être réutilisées. L’étude de leur géomorphologie permettra de savoir si les gravures ont été dehors et combien de temps. Quels sont les premiers dessins, lesquels ont été rajoutés… Grâce à la géologie des dalles, on peut aussi affirmer que le cairn a été agrandi. À l’entrée du couloir, on trouve du grès (de Séné ou Noyalo), de la nigmatite de la presqu’île de Rhuys et ou Kerpenhir… Des matériaux donc différents du granit de Carnac, avec moins de gravure. On voit aussi que quelqu’un a voulu continuer les dessins, mais d’un trait brouillon. Comme s’il avait voulu poursuivre l’oeuvre sans le savoir-faire, ni le sens.

Ces recherches ne font avancer que la science ?

Elles aident aussi à préserver le monument, car nous avons pu constater des soucis d’infiltration d’eau, de dépôt de sel… Il faudra restaurer la restauration. Elles pourraient aussi déjà permettre de transmettre autrement, par tablette graphique, les nouvelles connaissances au grand public, car les dessins que nous avons répertoriés ne se voient pas à l’œil nu…

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